Sud Ouest. Jeudi 25 novembre 2004.
Le grand large en scène.
L’histoire d’Yves Parlier sur scène, c’est une
véritable aventure menée en solitaire par un jeune comédien, Franck
Desmedt, originaire du Bassin d’Arcachon comme le célèbre marin.
Après avoir étudié au conservatoire de Bordeaux puis au cours Simon,
à Paris, il a joué presque deux ans à la Huchette « Les classiques
contre-attaquent ». Bloqué dans la capitale et frustré de ne pouvoir
prendre le large, il se nourrit alors de lectures maritimes : Dumas,
Jules Verne, Hugo. Puis, tombe sur le livre d’Yves Parlier
« Robinson des Mers ». Lors du Vendée Globe 2001, Desmedt avait
suivi les mésaventures de son auteur et était même allé à l’arrivée
de ce dernier aux Sables-d’Olonne. On se souvient que Parlier, parti
en course le 9 novembre, avait vu son mât se briser le 17 décembre.
Plutôt que d’abandonner, il l’avait alors réparé, en bon ingénieur
qu’il est, terminant en 126 jours. Un exploit salué de tous cotés.
Voyage intérieur. Création girondine à
part entière, la pièce est une coproduction d’Arcachon Culture, de
l’Espace Treulon de Bruges et de la compagnie Talent Girondin. Ami
de Franck Desmedt, le directeur de l’espace Treulon, est aussi le
metteur en scène de ce compte moderne. Le public assiste à un voyage
intérieur au combat d’un homme contre la solitude, la peur et la
faim. « Un condensé d’existence où Yves Parlier a vécu des choses
que l’on vit en soixante ans » souligne Franck Desmedt. Moi, je fais
mon Vendée Globe en 1h30. Finalement, je suis beaucoup plus fort »,
ironise t’il. Si Parlier est un véritable aventurier, avec ce qu’il
faut de folie pour se lancer de tels défis, « c’est quelqu’un qui
veut le plus de sécurité possible », ajoute Franck. « D’ailleurs,
pour lui, le plus difficile, c’est la préparation de la course.
Trouver les sponsors, les partenaires, le bateau…c’est
l’aboutissement d’une galère. La course c’est la récompense.»
Performance. Le jeune comédien a voulu
embarquer le public dans cette aventure et Parlier lui a donné carte
blanche. Il a assisté à une répétition et a été très ému de se voir
sur scène. « Le résultat est au-delà de mes espérances », avoue
t’il. Parallèlement, la situation est assez étrange pour Franck,
qui, pour la première fois, interprète le rôle de quelqu’un de
vivant. Expérience enrichissante, en tout cas, pour les deux hommes,
qui se sont fait mutuellement confiance et offrent au public un
récit où la performance d’acteur le dispute à la performance tout
court.
Céline Musseau. |